Sarah était en course ce dimanche 15 juillet. Seule, elle a lutté pour finir ce trail difficile de 32km et 2400m de D+ en 7h33. On attend son commentaire, quel mental! Cette fille est incroyable!

Voici son commentaire:

L’idée ?! Après mes 2 premiers « vrais » trails (Cf Euskal trail avec Rando raid 85 en 2016 et 2017) … m’en faire un dans la pays d’Euzedes …

Euzedes c’est quoi ? un hameau de 8 maisons max, un havre de paix, perdu dans la moyenne montagne d’Occitanie, ou mes parents Michel et Christine ont acheté une petite maison rénovée au fils des années depuis 20 ans … c’est aussi notre lieu de vacances de repos de retraite … Au départ c’était plan A j’y rejoignais mes parents pour y passer un week-end tous les 3 avec le trail en prime, alors c’est parti pour la prépa à 8 semaines de la date du 15 juillet … puis mon père étant malade, son état de santé ne lui a pas permis d’être à Euzedes le week-end du 15 juillet, qu’à cela ne tienne et comme je fais aussi cette course pour lui pas question de renoncer ça sera le plan B !! Départ du travail vendredi après-midi pour atterrir à Montpellier à 18h20 où je louerai une voiture pour rejoindre Euzedes. Je suis donc partie chargée d’émotions de ne pas avoir mes parents à l’arrivée de la course et puis aussi avec la perte de notre compagnon de 14 ans : Vigo, le gentil golden de la famille, grosse épreuve pour nous 4 faire piquer notre amour de chien ! la prépa en a pris un coup ça a été pleurs clopes et bières pendant à 1 semaine de départ…

Alors nous y voilà … je suis à Euzedes, je récupère mes bâtons qui seront mes meilleurs amis pour dimanche, j’ai dû les poster (ils ne seraient pas passé en bagage à main à l’aéroport) je vais me faire une bonne grosse nuit de sommeil de 11h … On est le 14 juillet demain c’est le grand jour, le village est paisible comme toujours, sans Mika , les enfants et Vigo c’est bizarre mais pour se reposer Waouh c’est idéal (enfin Ydeal …). Je vais chercher mon dossard à Lamalou les Bains, gros doute sur ma légitimité à participer à l’événement ! Devant moi un monsieur de 40-45 ans super affûté habitant de Montpellier ayant fait des courses quottées parle avec les organisateurs disant que « non, non il faisait le 18 et pas le 30 km. Le 30km lui semblait trop dur, qu’il faisait trop chaud, qu’il y avait un dénivelé trop fort … ». Ah oui je n’ai pas précisé le dénivelé : 2200 ou 2400 m…. Bref je me demande alors si je fais pas une grosse connerie d’autant que ma copine Julie ne sera pas avec moi ! Et aussi depuis 2 jours j’ai une douleur sous le pied à l’avant dès que je le pose à terre. Bon, ça y paraît que c’est psychologique, n’en pèche que ça pique ! Ni une ni deux je téléphone à papi Michel qui trouve les mots jutes comme d’hab’ = ok me voilà rassurée !!

De retour au village, au lit à 19h une bonne assiette de pates dans le ventre on rigole pas avec la prépa. Je prends connaissance des textos d’amitié et d’encouragement ça fait un bien fou. 19h30 je dors, je n’ai entendu ni les feux d’artifices ni les orages …, il fait chaud on verra demain ! On y est 6h du mat ! « Debout la d’dans c’est le grand jour ». Le ptit dej’ passe pas mais tant pis je me force. Les lacets pour rejoindre le départ de la course me donnent la gerbe … au volant de ma 208 de location toute neuve je suis pas très fière … On est à 20 min. du départ je scrute les concurrents, forcement que des gens qu’ont l’air hyper fort. On est env. 180 pour 20 femmes je crois, que des gens du pays j’imagine. Musique pétard fumigène c’est parti !!! Ah oui les barrières ont été raccourcies arrivée max 16h merde j’avais prévu 17h … (putain de coupe du monde, qu’à cela ne tienne je peux plus faire ½ tour). On attaque par le plus dur : 1000 m de dénivelé en 2 km … « les serre fils » sont pas loin derrière nous suis dans les 20 derniers … le décor est planté ! Je me sens bien, en forme, pas envie de me mettre dans le rouge, je discute avec un couple au tee-shirt rouge qui l’ont fait l’année dernière ils ont l’air bien … on doit grimper des rochers à 4 pattes le terrain est compliqué … ça grimpe mais ça le fait …arrivés en haut ils font une pause casquette crème solaire on se dit qu’on se retrouve plus tard … je ne les ai jamais revus …Je croise un premier coureur qui fait ½ pour prévenir sa femme qui est sur le 18km (départ 09h) que la montée lui sera trop difficile ! ok c’est sûr c’est compliqué comme trail.

1er point d’eau montée terminée, remontée à bloc, de la musique des mecs motivés rieurs pour me booster ça me plait !! alors je trottine sur le peu de plat avant d’attaquer une 1ere descente. Le paysage est fabuleux la bruyère est en fleur (rose violet) de la roche de partout, la définition du Caroux est vraie : un morceau de corse échoué en Occitanie. J’entends de la musique reggae, sympa … un passage de grosse roche plate qui descend un peu à pic et là un bénévole … Trop sympa il voit que je m’y prends un peu comme une quiche (disons les choses ) et me suggère de marcher droit devant, pas en escalier comme je faisais. J’essaie et Génial ! Ça marche ! merci mes brooks Cascadia c’est d’la bombe de balle !!! Je suis (du verbe suivre) de près un couple, en tout cas un gars une fille, le gars est clairement là pour la booster je pourrai les doubler avec mes super bâtons mais je n’ose pas …

Encore un point d’eau (On est à Colombières) je fais le plein de mon camel … il va falloir monter jusqu’à Lafage maintenant. On est à 3h de course je me dis que pourquoi pas me tenter un gel (jamais testé avant la chose à pas faire je sais mais bon …). Pouah c’est DEGEULASSE !!! je me retiens de pas vomir moi qui ne sucre pas mon café et qui suis pas dessert c’est écœurant !!La montée de Lafage c’est des marches, des cailloux, des blocs, ou il faut monter les genoux hauts ... puis bas puis sur le côté … heureusement c’est à l’ombre. J’ai mal aux cuisses… je double 2 hommes « en peine », on peut dire « des âmes en peine » … eux non plus je ne les reverrai pas … Lafage est en vue il n’est pas midi j’ai ½ heure de marge sur la barrière horaire j’hésite à me tremper dans une marmite et puis non ! je continue mon chemin. Arrivé à Lafage 1er ravito officiel, je crois comprendre qu’ils vont stopper les gens qui arrivent après moi … gloups ça ne rigole pas !!! Je discute 2 min avec un coureur qui pleure ses crampes le contraignent à abandonner. Aller je repars booster motivée contente !! Je me mets dans les traces de Christophe (j’ai entendu prénom au micro à l’arrivée 3h plus tard). Christophe peine dans les montées du coup je ne me fatigue pas et peine aussi à courir sur le plat alors je prends mes distances et cours un bon moment légère ... mes jambes en avaient besoin, j’ai l’impression que je pourrai courir des heures le sol est doux comme une moquette c’est plat je suis sur le plateaux du Caroux toute seule personne à l’horizon c’est un pur moment de bonheur !! Encore un ravito dernière barrière horaire 14h30 je suis large !! Sympa les bénévoles me disent vous avez l’air fraîche alors on peut vous dire qu’il reste 12 km pas 10 … j’men moque je me sens forte ! Christophe me rejoint il reste un seule difficulté 1 montée +200 m : même pas peur !!

Alors que je vaudrais courir je me fais qq frayeurs (petites glissades et dérapages contrôlés inextremis), je décide donc de m’écouter et marcher pour pas trébucher (déjà croisé 2 coureurs qui revenaient au ravito précèdent cause cheville tordue). Prudence mère de sûreté sera mon leit motiv’ !!

Une marmite avant d’attaquer la dernière montée je laisse Christophe s’y tremper ses crampes le freine … Dans la montée de croise un coureur position mi assis mi couché il me dit qu’il récupère, il pas l’air frais, je le laisse… je ne le reverrai pas lui non plus … Je m’étonne moi-même la montée se passe plutôt bien à peine 2 pauses. Je comprends que rendue en haut, les 5 dernier km ça sera de la descente, l’euphorie me gagne … J’ai envie de chanter je parle tout haut il n’y a personne pour m’entendre je me félicite me dit que je suis fière de moi que je m’aime … je pense à Mika aux enfants à mes parents à mon Vigo à mes copains … la vie est belle. Peut-être que j’étais en phase de léger délire, on se saura jamais. Heric en vue 1ère route bitumée je cours sans m’arrêter à vive allure (enfin j’ai l’impression) sprint final ! Voilà c’est fait !!! 07h33 144ème du général (8eme de ma catégorie …) La première féminine le fait en 05h47. Envie d’1 bière, la tireuse est coupée … pas grave je rentre à Euzedes .

J’ouvre la voiture : il fait 45°c il devait bien faire 36 °C pendant la course alors je n’ai pas souffert de la chaleur … l’hydratation = la clé du finisher !! Y a match il ne faut pas traîner … à peine 1h après je suis sur le lit des parents à manger 1 assiette de pâtes devant la télé. 95 min plus tard on est champions du monde, à Euzedes tout le monde s’en moque je fête ça à l’eau !!! je suis contente !! Faut pas tarder à aller se coucher suis à 800 km du boulot et demain matin je travail. Levée 3h du mat (avion à 08h mais 2 h de route pour rejoindre l’aéroport de Toulouse et pas de carte d’embarquement) arrivée à Nantes, reprise du travail à 11h. Trail du Caroux fait !

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